Entrevue avec Andro Vachon
Professeur-chercheur au cégep de Thetford
Par Yves Therrien, collaboration spéciale
Recrutement d’étudiants et pénurie de main-d’œuvre
Seul cégep au Québec à offrir le cours en technique de génie du plastique, le cégep de Thetford manque d’élèves pour répondre au manque de personnel de l’industrie. Le recrutement de nouveaux élèves ne semble pas très simple, malgré les efforts pour intéresser les étudiants à s’inscrire au programme au terme duquel les emplois sont quasiment garantis.
Le professeur-chercheur Andro Vachon souligne que tous les étudiants dénichent un emploi. Plusieurs commencent même à travailler pendant qu’ils terminent leur formation.
« Nous formons des techniciens en génie du plastique », explique M. Vachon. « Ce sera des concepteurs de pièces en plastique, des concepteurs de moules, des techniciens en production sur le plancher de l’usine ou encore des techniciens en recherche et développement de produits. »
La technique d’une durée de trois ans permet de former des gens selon trois axes. Le premier axe vise l’opération des équipements de transformation du plastique que ce soit en extrusion, en injection ou pour d’autres types de procédés spécialisés du secteur. Le deuxième axe porte sur la recherche et le développement permettant d’effectuer des essais en laboratoire pour évaluer les propriétés mécaniques de différentes pièces et déterminer les résines plastiques à utiliser selon l’application et les propriétés requises des pièces à fabriquer. Le troisième axe porte sur la conception de pièces et de moules.
Recrutement difficile
Le problème de recrutement est notamment causé par la mauvaise image du plastique dans la population préoccupée par l’environnement et inquiète des images des grandes îles de plastique flottant sur les océans.
M. Vachon estime que la pollution n’est pas causée simplement par la production de plastique en général, ou la production des contenants de plastique à usage unique, mais bien plus par les comportements des humains qui jettent leurs déchets de plastique sans tenir compte des possibilités de réutilisation et de recyclage. Les avantages des polymères vont au-delà des bouteilles à la mer et des mauvaises habitudes des humains avec leurs rejets.
Pour le professeur Vachon, il y a un monde de différence entre bannir le plastique à usage unique et bannir tous les plastiques.
« Il y a une méconnaissance du monde du plastique et de la plasturgie. Dans les automobiles, dans les avions, et dans d’autres composantes utilisées au quotidien, on remplace l’acier par différents types de plastiques qui sont aussi résistants et surtout plus légers. Prenez, par exemple, les motoneiges des années 1950 et celle d’aujourd’hui : il y a tout un monde de différence quant à la légèreté, la durabilité et l’absence de corrosion », illustre M. Vachon.
« Encore, dans le monde de l’alimentation, les emballages ont permis d’allonger la conservation des aliments mieux que ne le fait le papier ou le carton. Quant à l’impression 3D de plus en plus populaire pour créer divers objets, les seuls systèmes abordables à ce jour travaillent avec des polymères. L’avenir dans l’impression 3D passera certainement par l’utilisation des polymères », prévoit M. Vachon.
Le recyclage
« Plusieurs types de plastique peuvent être recyclés quasiment à l’infini. D’autres peuvent se recycler plusieurs fois », explique le professeur Vachon.
« Lorsqu’ils ne sont plus recyclables, ils peuvent servir de combustible et produire de l’énergie, comme dans les cimenteries, par exemple », ajoute-t-il.
« L’avenir semble se diriger davantage dans les matériaux composites et les nouveaux polymères haute performance », estime le professeur.
Que ce soit dans les transports où les matériaux à base de polymère diminuent le poids et la consommation de carburant, ou dans le monde médical où les recherches permettent d’intégrer des plastiques dans le corps humain lors d’une opération ou une reconstruction d’os, par exemple, les plastiques offrent des possibilités qui n’existaient pas avant.
Avec le développement de nouveaux produits, M. Vachon affirme que le Québec doit faire en sorte de continuer de développer son expertise et son ingéniosité dans le monde de la plasturgie. Pour cela, il faut nécessairement former de nouveaux travailleurs ici, car le manque d’étudiants dans le domaine pousse les entreprises à faire du recrutement à l’étranger ou à faire appel à une main-d’œuvre insuffisamment qualifiée.