Par Yves Therrien, collaboration spéciale
La pénurie de main-d’œuvre à l’échelle mondiale ainsi que la nécessité d’accroître la productivité force les entreprises à adopter de nouvelles manières de faire. Dans le contexte manufacturier, l’automatisation et la robotisation peuvent permettre aux entreprises de se développer avantageusement et de pallier le manque d’employés dans les tâches répétitives sans grands intérêts pour un travailleur.
Cependant, de nombreuses entreprises ne se transformeront pas dans l’automatisation ou la robotisation, mais elles devront avoir une existence numérique, une présence sur le Web pour être vues et reconnues.
C’est ce qu’on appelle la « découvrabilité », explique Alexandra Masson, directrice Intelligence artificielle et Solutions numériques chez Québec International. De nombreuses compagnies n’auront pas besoin d’automatisation ou de robot, comme les artisans par exemple ou dans le monde de la restauration. Mais, la présence dans l’univers numérique demeure essentielle.
Tous les manufacturiers n’ont pas les mêmes moyens financiers pour prendre le virage numérique. Certaines pourraient même disparaître. Toutefois, Mme Masson estime qu’il y aura des fusions et des rachats pour former des entreprises plus grosses capables d’assumer les coûts de l’automatisation.
Elle donne un exemple venant du Groupe TAQ, qui embauche des personnes vivantes avec divers handicaps qui gèrent des machines automatisées. Une personne autiste affectée à une tâche somnolait au travail, mais lorsqu’on l’a chargée de superviser un système automatisé, elle était dans les meilleures dispositions possibles.
Selon elle, l’humain fera toujours partie du processus, peu importe le type d’entreprise. Dans une usine, il faudra quand même des travailleurs pour superviser la machinerie. Des employés qui auront un tout autre profil, des personnes débrouillardes qui veulent apprendre et développer de nouvelles compétences autres que la tâche de découper les mêmes pièces à longueur de journée.
Elle ajoute l’exemple du manufacturier de meubles South Shore. C’est d’abord avec son modèle d’achat en ligne que l’entreprise a pris le virage numérique avant de mettre en place les procédés d’automatisation.
Toutefois, il y a une nuance entre avoir une vie numérique et une entreprise automatisée, convient-elle. Aujourd’hui, une entreprise sans existence numérique n’est pas nécessairement viable à moyen terme.
Dans tout cela,
« il ne faut pas oublier les humains », ajoute Mme Masson. « L’après-pandémie l’a démontré, notamment quant à l’importance du service à la clientèle, car les consommateurs veulent parler à des personnes en chair et en os ».
Et la pandémie a amené bien des entreprises à prendre des mesures nouvelles pour faire face à la crise.
« Québec International a été parmi les premiers à accompagner de nombreuses entreprises dans les démarches pour les subventions et les autres formes d’aide gouvernementale. Les demandes ont explosé. Il n’y a plus grand monde qui ne sait pas qu’il y a des programmes d’aide pour passer dans l’ère numérique », souligne-t-elle.
Elle donne l’exemple de l’entreprise Ueat, concepteur de logiciels, avec ses outils et sa plateforme en ligne pour les commandes en ligne dans le monde de la restauration. Les restaurateurs n’avaient pas besoin de programmer leurs propres outils, mais ils prenaient un virage numérique avec une plateforme qui s’adapte à chaque restaurant. Et c’est aussi très utile pour les services de traiteur et les réservations.
Mieux encore, les entrepreneurs n’ont pas besoin d’être des spécialistes de l’intelligence artificielle, mais ils peuvent utiliser des outils permettant d’analyser leurs données pour avoir un profil de leurs clients, de leurs besoins pour ajuster leur production ou leurs services, indique Mme Masson.
Chose certaine, dans le monde manufacturier, le profil et les compétences des employés se modifieront avec l’automatisation et la robotisation. Toutefois, toutes les entreprises auront besoin d’innover et de développer une présence numérique. C’est la clef qui leur ouvrira un nouvel horizon de croissance.
Source photo: Québec International